Animaux captifs

Publié le par TAOMUGAIA

lion
(photo : http://www.st-antigone.com)


Aller voir des animaux au zoo...Simulacre de plaisir...Bénéfices secondaires et honteux. Comédie au masque grimaçant...Qui laisse un quelque chose de jouissance du pire.

J'ai trouvé sur le net un texte épatant. Repris par le site Code Animal -http://www.code-animal.com/
Il a été rédigé par un pédiatre, M.Philips.
Cet homme publie pour Mediapart, un site participatif, indépendant, d'informations et de débats.


Le voici le voilou :


En pensant à Boris Cyrulnik


"Vous souvenez-vous de vos passages d'enfant au détour d'un zoo ou dans l'animalerie d'un cirque de hasard?
Vous souvenez-vous de ces animaux (des tigres, un ours, une panthère, voire un éléphant) que vous avez vu animés de mouvements répétitifs, des allées et venues perpétuelles d'un bout à l'autre dans leurs cages étroites, ces balancements permanents de tête, de trompe?
Des professionels qualifient ces mouvements sous le vocable de "Tic de l'ours", une sorte de curiosité en quelque sorte, d'après eux.

 


Les éthologues connaissent aujourd'hui très bien l'origine de ces mouvements répétitifs que rien ne peut empêcher, et pour cause! Il s'agit tout simplement de la très grave manifestation d'une sorte de désespérance de vie, le cri silencieux d'animaux pour qui la vie se résume à un lieu réduit à une cage, à un espace indécent. L'appel désespéré vers des échanges, des rencontres, un peu de liberté, un peu d'espace.

Ces tics, on les rencontre aussi chez certains chevaux qui vivent dans certains cercles équestres pourvus des derniers outils de la modernité: boxes aérés, paille renouvelée, eau claire, nourriture adaptée.
De quoi se plaignent-ils, ces animaux  que certains osent appeler "bourrins"?

Ils crèvent tout simplement d'ennui! Ils ne sont souvent montés qu'une fois par semaine et passent ainsi souvent les 167 autres heures de la semaine à s'emmerder ferme au fond de leur box. D'où balancements perpétuels: le fameux "tic de l'ours", pour eux aussi.


Mais quel rapport avec Boris Cyrulnik, me direz-vous?

Le rapport est direct, simple, d'une implacable cruauté. Des humains, en l'occurrence le plus souvent des enfants, peuvent également être les victimes d'un sort identique et insupportable.

Dans le passé on nommait  ces troubles du comportement "hospitalisme". Il s'agissait d'enfants qui, porteurs d'affections chroniques, étaient condamnés à des hospitalisation de longue durée. Il s'ensuivait de graves carences de stimulations, une extrême pauvreté d'échanges conduisant à l'apparition de ces mouvements de balancements, de va-et-vient, l'expression, comme chez les animaux, d'une désespérance de vie.
Manque de personnel ? Sans doute. Incompréhension: certainement.

Ailleurs, dans certains milieux sociaux très gravement carencés, on rencontrait ce que les médecins appelaient le "nanisme social". Un retard de croissance associé à un retard mental que l'on mettait sur le compte de graves carences de tous ordres.


Ailleurs encore, dans des sortes de mouroirs pour enfants comme il en existait en Roumanie (où, avant la fin du communisme, on encourageait l'abandon d'enfants à la naissance), on rencontrait également ce "tic de l'ours", des mouvements répétitifs accompagnés de sévères retard mentaux.

Boris Cyrulnik montra que cette forme de comportement n'était pas irrémédiable ni définitive et qu'en redonnant vie à ces enfants, en leur proposant des échanges, quelque chose de l'ordre d'une vie de famille, il était possible d'améliorer les choses.

Par son courage à aborder de multiples disciplines, sans a priori, Boris Cyrulnik nous fait passer un message: faisons attention, respectons la vie et les conditions dans lesquelles elle se manifeste. La vie n'est pas un simple outil que l'on peut éventuellement laisser sans risque dans un garage, comme une voiture.
La vie ne se résume pas à l'alimentation. Pouvons-nous affirmer qu'aujourd'hui cette question est résolue?

On parle partout de résilience, mais ne faudrait-il pas aussi, et avant tout, parler de prévention, d'accompagnement à la petite enfance?


Par exemple, dans combien de familles l'écran n'a-t-il pas remplacé, pour le plus grand malheur de nos touts-petits, les cages de nos ours des zoos, ou même, les boxes hygiéniques de nos chevaux?"

Publié dans Animal on est mal

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